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lundi 26 octobre 2015

Étiquettes et petits a priori


Les clichés, les préjugés, les idées toutes faites, voici le sujet que je choisis d'aborder aujourd'hui ici. C'est le deuxième opus de Marianne Lévy : Dress Code et petits secrets – L'aventure américaine qui me l'a soufflé. 


Et là, première étiquette, premier préjugé : Quoi ? Elle lit des livres « comme ça » ?!?!?! (Rires) J'adore jouer avec les étiquettes et passer de Virginia Woolfe (ma dernière lecture – Mrs Dalloway) à Capucine et ses copines à la conquête de l'Amérique ! 

Je vous arrête tout de suite avant que ne se forme dans votre esprit un second a priori relatif à la prétention de la personne qui rédige l'article que vous commencez à lire : nulle leçon de morale ou jugement quelconque ici puisque je m'implique TOTALEMENT dans le groupe des poseuses et poseurs d'étiquettes. 

C'est justement tout ce mécanisme de critique et d'image qu'explore avec humour et grande précision Marianne Lévy. Son analyse sociologique demeure aussi lucide et acérée que dans le premier volume de ce qui, je l'espère, est en train de devenir une série. C'est un régal!

Mais, ce n'est pas tout. Un autre aspect de ce livre a su venir me charmer : le thème du premier roman qui vient s'entremêler à la tournée américaine du blogue Chic et aux histoires de cœur de Capucine, héroïne aussi farfelue qu'attachante. 

Le premier roman… voici un autre domaine au sein duquel les a priori et les étiquettes fleurissent  abondamment. Étant moi-même rédactrice pour un webzine mettant en lumière les premières œuvres littéraires québécoises, il va de soi que les difficultés rencontrées par les écrivains (confirmés ou en herbe) présents dans DCPS2 m'ont ramenée aux œuvres lues dernièrement dans le cadre de ma collaboration au webzine susmentionné. 

Chez les primo-romanciers, le thème de la difficulté à donner naissance à un premier livre est souvent traité et de manières multiples :


Mais, j'avoue que c'est la première fois je crois que je le retrouve ainsi dans une (pseudo) comédie romantique. Excellente idée qui permet de démystifier un peu les choses.

Pour terminer (avant de vous laisser découvrir par vous-même quelle étiquette vous souhaitez apposer sur le livre de Marianne Lévy ;-) ), je veux mentionner les nouvelles technologies omniprésentes dans le livre et dans la vie de Capucine. Cette dernière en sera, bien malgré elle, privée durant quelques heures… survivra-t-elle à ce sevrage forcé ? Et vous ? Et moi ? Quelle serait notre réaction en pareille situation ?

La maxime centrale du premier tome de DCPS était empruntée à Nietzsche et invitait le lecteur à « devenir celui qu'il est ». Ici, l'on cherche maintenant à « Écouter. Observer. Ressentir. Vibrer. » . Bref, RA-LEN-TIR… au moins un peu, de temps en temps.

Oui, définitivement, j'aime énormément la manière dont Marianne Lévy, l'air de rien, nous permet au fil des pages de revenir à l'essentiel. 

Sans complexe, je lui colle une étiquette : Auteure à suivre !

jeudi 15 octobre 2015

Enracinement, déracinement

Le livre d’Aline Apostolska m’a beaucoup touchée; il y est question d’immigration, d’adoption, d’intégration et de filiation. L’auteure aborde ces sujets sensibles de manière frontale, sans détour, sans faux-semblants et exprime les véritables ressentis de ses personnages sans se soucier d’être ou de ne pas être politiquement correct. 

C’est à travers trois générations que se déroulent ces migrations entre le Vietnam, le Québec et les États-Unis.

Il y a tout d’abord les parents quittant le Vietnam en 1975 à qui l’on confie un enfant qui n’est pas le leur. Immigration, adoption et intégration dans un nouveau pays se font alors simultanément. Dans un tel tourbillon d’émotions et de défis à relever, les valeurs essentielles sont les seules bouées auxquelles se raccrocher. Pour Kim et Tien, ce sont la bonté et la bienveillance envers leurs enfants et l’acceptation de leurs statuts respectifs avec le moins possible de regrets et de rancœur puisqu’ils se reconnaissent, malgré tout, privilégiés. 

Puis, il y a Mark/Chung, le fils adoptif (qui n’est plus désormais le seul enfant du couple). À l’image de ses parents, il a gagné sa place dans la société et vit de manière aisée, est aimé de sa famille, respecté dans son travail et fortement lié à sa femme qui deviendra sous peu la mère de son enfant. Tout va bien! Pourquoi dès lors fouiller le passé? Il n’en éprouve personnellement pas le besoin. 

Sa mère adoptive par contre tient à lui faire part d’éléments légués par sa mère biologique afin, pour elle, d’aller jusqu’au bout de sa démarche avant de mourir. La future mère de son enfant, au moment d’ajouter un nouveau maillon à la chaîne généalogique, souhaite également que la lumière soit faite sur ce mystérieux passé. Elle veut ainsi que d’éventuelles blessures soient pansées et que tout soit clair pour chacun afin d’établir des fondations solides sous les pieds du nouveau-né, sans zones d’ombre. 

Mark/Chung n’a donc pas le choix de regarder en arrière, malgré lui. Nulles révélations inattendues ici, ni grands dévoilements de secrets enfouis, non, juste la confrontation avec ce qui nous habite par-delà les années et les frontières : notre identité. 

Avec cette lecture, je participe au challenge « Un mot, des titres » chez Aperto Libro.


Sur le thème du déracinement, je vous invite également, si ce n'est déjà fait, à lire « La petite fille de Monsieur Linh » de Philippe Claudel.

Et sur celui de l'identité, je veux partager avec vous ici ce que disent à ce propos Martine et Philippe Delerm dans leur très beau livre : « Fragiles » :





  « Je n'aime pas cette question que je me pose. 
Je voudrais aimer la réponse, seulement. 
Entre les miroirs, seuls les autres me voient. 
Alors je fuis, je vis, je me sens libre, je m'oublie. 
Les autres me reconnaissent, et ne me connaissent pas. 
Je reviens au miroir. 
Je crois quelquefois me connaître - et je ne me reconnais pas. »